Haute couture
La fenêtre de ma chambre d’hôpital présente une belle balafre (voir ci-dessus). Certes il est nécessaire de « briser la glace » pour ne pas « rester sur le carreau ». Voir de se « fendre franchement la gueule », quitte à rire aux éclats. Je me sens néanmoins un peu dans la peau de « L’amant de lady Chatterton », et cette cicatrice métaphorique n’est pas sans m’en évoquer une autre : celle qui parcourt désormais mon abdomen du haut en bas.
Me voici couturé de première.
De la haute couture, en quelque sorte. S’il se produit, tantôt, un remake de Scarface, j’ai mes chances… à tout le moins si le titre devient Scarbelly, ce qui serait une embellie. Mais, si les chirurgiens demeurent au point, question suture, j’ai pu constater une évolution dans leur pratique. Les voilà désormais élevés à la dignité de grapheurs, puisque ce ne sont pas moins de quatre-vingt-onze agrafes que l’on m’a retirées.
Je les avais, littéralement dans la peau.
Pour avoir, à mes heures perdues de bricoleur du dimanche, manipulé à loisir l’agrafeuse cloueuse, j’imagine sans peine l’étrange séance de capitonnage que fut la fin de mon opération. Je me dis à postériori que j’ai vraiment du y faire tapisserie, moi qui jadis naguère avait tant de mal à résister à l’appel de la pâtisserie.
Pour le reste, je demeure encore hôte de l’hôpital, l’air ahuri de la sonde urinaire et perfusé de l’antibiotique aquatique.
Jusqu’à nouvel ordre, mon général.